Fuck off, I'm a hairy woman, film de Shazia Mirza, 2007

(retranscription du sous-titrage des dialogues)

Note contextuelle : Shazia Mirza est une comédienne comique britannique (d'origine Pakistanaise) de renom. Elle a décidé de ne plus s'épiler et de le faire savoir. Voir liens dans notre galerie consacrée aux actrices non épilées.

Notes de transcription : voici la retranscription intégrale des 56 minutes du documentaire. J'ai omis une dizaine de phrases, quand il s'agissait de salutations ou lors du cours de salsa car il n'y avait pas de propos spécifiques à la pilosité.
Shazia Mirza est abrégée SM. Quand le prénom de la personne est connu, je l'indique, quand le nom complet est connu, je l'abrège par les initiales. Exemple, Tracey Moberly devient TM. Pour les hommes et femmes anonymes, j'indique Y (homme) ou X (femme), parfois suivi d'un chiffre quand il y a plusieurs personnes.
Pour mieux comprendre certaines situations, j'indique où l'on se trouve, ce sont les commentaires en italique. Je suis conscient que ça ne remplace pas le fait de voir le film car les mimiques des visages en disent parfois long. C'est pourquoi, j'ai essayé d'indiquer l'état d'esprit de la personne quand ça me paraissait important.
J'ai indiqué des mots anglais entre parenthèses lorsque la traduction française ne me semblait pas refléter l'esprit de ce qui était dit. Comme à chaque fois qu'il y a des sous-titres, la traduction est plus "pauvre", tout n'est pas traduit systématiquement.


Fuck off, I'm a hairy woman [Va te faire foutre, je suis une femme poilue]

SM arrive dans une voiture de sport aux portes papillon
SM : je me présente, je m'appelle Shazia Mirza. Je travaille dans le monde du spectacle et j'aime être sexy. Mais j'ai un secret, disons une obsession pour laquelle il faut souffrir : l'épilation.
SM se fait arracher des poils à la cire et elle hurle. On voit des images de femmes s'épilant ou se rasant.
SM : Je ne suis pas seule, je partage cette obsession avec la plupart des femmes britanniques. Je laisse mon imagination divaguer librement.
On voit la main d'une femme avec des poils sur le dessus
SM : Comment serait un monde où les femmes auraient le droit d'être poilues ?
Des femmes en maillot au bord d'une piscine ont des poils postiches partout : orteils, mains, aisselles, maillot
SM : Pour le découvrir, j'ai décidé de me laisser pousser les poils. Est-ce que j'aimerai ça ? Puis-je convaincre les gens d'aimer ça aussi ?
Elle plonge dans une piscine où flottent des touffes de poils. Ensuite, on la voit chez elle devant un miroir, elle s'épile les sourcils
SM : Je suis poilue. Je suis très très très poilue. J'ai toujours détesté mes poils. Cire, rasoir, électrolyse, laser... J'ai tout essayé mais les poils repoussent ! Je perds des milliers de £ et des semaines à éliminer les follicules. Et si je demandais une trêve ? Je veux accepter ma pilosité et surtout, que le monde entier l'accepte aussi.

Elle monte en voiture, il fait noir
SM : Je vais aux British Comedy Awards (BCA), je dois être parfaite. Les belles femmes ont le corps doux et épilé. C'est pas le jour pour jeter les rasoirs.
Zoom sur des panneaux 4x5 m² avec des pubs pour de la lingerie. Puis, on voit des photographes mitrailler des jeunes femmes au BCA
SM : Ces 3 prochains mois, je vais affronter ma phobie et laisser mes poils pousser. Avant ça, j'ai besoin de voir si ça peut mal tourner.
SM arrive aux BCA avec une robe sans manches
SM : Et j'ai quelque chose en réserve.
Elle lève le bras pour saluer la foule et on voit une énorme touffe postiche sous son aisselle, c'est la photo qu'on voit sur son site et qui a été reprise dans des journaux. Des photos de journaux défilent, commentant ce que SM a fait. Ensuite, on voit SM dans la rue, en journée
SM : Voilà , ma carrière est fichue. La réaction de la presse me motive d'autant plus. Je vais assumer ma pilosité dans un endroit qui m'est familier.
Elle entre au Soho Revue Bar
Y : S'il vous plaît, veuillez accueillir Melle Shazia Mirza.
Elle arrive sur scène, il y a quelques dizaines de personnes attablées dans la salle
SM : Combien de Pakistanais dans la salle ? Plein ? Super. Merci de me soutenir.
Il n'y a eu qu'une ou deux mains qui se levaient
SM : La seule fois où ma mère porte la burka, c'est quand elle n'a pas décoloré sa moustache. Sachez une chose sur les Musulmanes, elles ne sont pas pieuses, elles sont poilues. rires Les femmes poilues sont répugnantes. Qui est d'accord ?
Des femmes lèvent la main
SM : J'ai 30 ans et j'en ai assez des rasoirs, épilateurs et lasers. J'ai donc décidé de me laisser pousser les poils. Qu'en dites-vous ?
Y : C'est répugnant.
SM : Je suis une Pakistanaise répugnante ?
Y : Remets ta burka !
SM : Que je remette ma burka ? Quel petit salaud [bastard]


Rires. Puis, elle est dans la rue
SM : Pas très convaincant. Ce n'est pas drôle. On s'est moqué de ma pilosité durant des années. J'ai certaines choses à régler si je veux réussir la réintroduction de mon pelage. Premier arrêt, mon ancienne école.
Elle entre dans une cour d'école
SM : J'étais prof. Mauvais choix pour un monstre poilu comme moi. Je me souviens de tous ces visages doux et innocents.
On voit des élèves en flash-back, elle se remémore ce qu'elle a vécu, sous forme de fiction
Différents élèves : Montrez-nous votre moustache, Melle Mirza. Vous avez oublié de vous raser ce matin ? Retournez au zoo ! Singe ! Retournez au cirque ! On dirait King Kong.
2 policiers arrivent
Y1 : Shazia Mirza ?
SM : Oui.
Y1 : Je vous arrête.
SM : Pour quel motif ?
Y1 : PR
SM : PR ? Qu'est-ce que c'est ?
Elle a une barbe postiche
Y1: Pilosité Répugnante. Vous n'avez pas le droit d'être poilue. Tout ce qui dépasse sera coupé et utilisé contre vous devant un tribunal.
Elle est embarquée de force par les 2 policiers.

Fin du flash-back, retour dans la cour d'école, une femme arrive au volant d'un camion où on lit "Hair removals Ltd"
SM : Mon amie Lisa va m'aider à tenir tête aux poils.
SM monte dans le camion, elle s'adresse à Lisa
SM : Je viens de faire un mauvais rêve. Pour préparer ma mission, Lisa veut que je découvre combien de poils les femmes produisent. Nous les éliminons de plus en plus. Même les adolescentes se rasent en moyenne 4 fois par semaine et utilisent 45 lames de rasoir par an. Quelqu'un s'enrichit sur notre quête obsessionnelle de douceur. Les femmes dépensent plus de 280 millions de £ par an en produits d'épilation en Angleterre. Lisa a organisé une livraison spéciale.
Le camion s'arrête sur un quai
SM : elle a estimé la quantité de poils que j'ai produits toutes ces années. 50 sacs.
Elles sortent des sacs-poubelles de l'arrière du camion
SM : Et je vais tout brûler. C'est le moyen d'oublier mon passé une fois pour toutes.
Elles jettent des cheveux et des poils dans un brasier
SM : Les premières semaines, c'est toujours facile. Ce sera difficile dans deux ou trois mois, quand je ressemblerai à un gorille. J'étais comme ça à l'adolescence. Je retourne à cette époque d'extrême pilosité. J'ai peur de tous ces souvenirs, je ne sais pas si je vais tenir. Je ne le saurai vraiment qu'à ce moment-là.


SM est chez elle, sur son lit
SM : J'ai acheté une caméra spécialement pour filmer ma fourrure.
Elle prend une "paluche", petite caméra qui grossit
SM : Ça fait deux semaines que je laisse pousser et je meurs d'envie de tout raser. Regardez.
Elle filme son bras en gros plan
SM : Incroyable mais vrai, c'est mon bras.
On voit des poils d'au moins 1 cm
SM : Regardez mes jambes, la forêt amazonienne.
Gros plan sur une jambe, les poils ont aussi 1 cm
SM : Je rêve de tout éliminer mais je vais résister. Je vais tenir jusqu'au bout. Jusqu'à être couverte de poils.
Elle a un annuaire en main, il y en a plusieurs autres près d'elle
SM : Pour convaincre la planète qu'on peut vivre poilue, je dois prendre le taureau par les cornes et trouver la région la plus poilue de Grande-Bretagne. Je cherche la ville où il y a le plus d'instituts de beauté.

Elle est en voiture
SM : J'ai trouvé le code postal le plus poilu. Je peux le dévoiler, c'est BN3, Hove. Il y a plus de 30 instituts dans un si petit endroit.
Elle s'arrête sur un parking de grande surface et sort un costume de gorille de son coffre
SM : J'en fais peut-être un peu trop mais voilà comment je me vois.
Elle l'enfile, il n'y a plus que sa tête qui a un aspect "normal"
SM : Il faut peu de poils pour se sentir comme un gorille. Si moi je me sens comme ça, que vont penser les ennemis des poils de Hove ?
Elle marche sur une digue le long de la mer et croise des gens. Un couple s'arrête
Y : Un vrai yeti. Faut être douce comme un bébé.
SM s'adresse à une femme
SM : Vous croyez que ça marchera ?
X : Non.
Elle interpelle deux hommes
SM : Pardon, messieurs, les gens se moquent de moi.
Y : Non, ils rient en coeur.
SM : Vous n'aimez pas ?
Y1 : Achetez de la crème dépilatoire.
Un couple s'arrête
Y : Vous infligez votre pilosité à des gens qui ne sont pas prêts.
SM : Pas prêts ?
Y : Ça va être la guerre.
SM : La guerre ?
Y : Contre les gens intolérants comme vous. Irrationnels.
SM : C'est irrationnel ?
Y : Totalement.
SM : Je n'impose rien, j'essaie de changer les mentalités.
Y : Vous me forcez à supporter vos poils.
Il sourit
SM : Il a bien réagi. Les femmes ont peur de ressembler à un yeti et d'avoir ce genre de réaction. La douleur n'est pas un obstacle quand il s'agit de devenir douce.


Elle entre dans un institut de beauté et s'adresse à une jeune femme
SM : Que vous faites-vous épiler ?
X : Ma moustache et mes aisselles.
SM : Il faut souffrir pour être belle.
On voit une autre femme se faire épiler les sourcils, SM lui parle
SM : Depuis quand les épilez-vous ?
Y1 : Mes seize ans. Ma tante m'a épilée et je me suis évanouie. J'avais vraiment eu mal.
SM quitte l'institut pour aller dans un autre où Keira, une fillette de 11 ans va se faire épiler pour la première fois
SM : Même des filles de 11 ans sont prêtes à souffrir pour se faire épiler les jambes.
L'esthéticienne : Nous allons commencer.
SM : Oh, c'est un grand moment de se faire épiler pour la première fois.
L'esthéticienne applique un produit sur les jambes de Keira
L'esthéticienne : Ça ne devrait pas faire trop mal, tout ira bien.
Elle applique la cire
L'esthéticienne : Première bande. Je l'enlève.
SM : T'as eu mal ?
Keira sourit en grimaçant
Keira : Oui, très mal, vraiment !
L'esthéticienne : Je te fais la jambe entière ?
Keira : Non merci.
Elle jette la tête en arrière et souffre visiblement
L'esthéticienne : T'as mal ?
Keira : Oui.
SM : Elle est peu poilue.
L'esthéticienne : Elle a beaucoup de poils. On imagine toujours des poils drus et noirs, elle a plutôt du duvet. A 11 ans, elle n'est pas excessivement poilue. Une pilosité normale pour son âge.
SM : A 11 ans ? Mais si ça devenait très gênant ?
Keira crie de douleur
SM : Qui a été votre plus jeune cliente ?
L'esthéticienne : Comme Keira, elle avait 11 ans. Les jeunes filles remarquent de plus en plus leurs poils. C'est la dernière bande Keira.
SM : Ta première épilation à la cire sera terminée.
L'esthéticienne : C'est fini.
SM : Fini ? Félicitations, elle s'est fait épiler. Tu les trouves comment ?
SM montre les jambes de Keira, celle-ci les touche
Keira : Douces.
SM : Elles sont belles ?
Keira : Oui.
SM : T'es satisfaite ?
Keira : Oui


SM est en voiture
SM : Je suis un peu choquée. Il semblerait que cette obsession commence de plus en plus jeune. Dans 10 ans, y aura-t-il des filles de 7 ans dans cet institut ?
Elle sonne à une porte et entre dans une maison
SM : Je pensais que les femmes s'épilaient après la puberté, quand elles ont une vie sexuelle. J'ai rendez-vous avec l'écrivaine et sexologue, Tracey Cox [TC]. Tracey, je viens de voir une fille de 11 ans se faire épiler les jambes pour la première fois. C'est ridicule. Les gens sont-ils de moins en moins tolérants envers les poils ?
TC : Ce qui me dérange le plus dans l'épilation, c'est que tu as l'air d'une militante si tu t'épiles pas. On te prend pour une féministe.
SM : Ce n'est pas une revendication. Pourquoi ne peux-tu pas être jolie et avoir des poils ? Pourquoi c'est inacceptable ?
TC : C'est la mode.
SM : La mode, vraiment ?
TC : En grande partie. Nous sommes des brebis, surtout les femmes. Nous avons tendance à suivre les autres, à entrer dans le moule. Tout ce discours sur l'individu, c'est du blabla. Nous avons peur de la différence.
SM : En vieillissant, je me suis de plus en plus épilée. Avant, je ne faisais pas le maillot brésilien. J'entends par là, l'épilation totale pubienne.
TC : Le maillot brésilien, on en laisse. Le maillot américain, c'est la totale. J'ai fait un maillot américain une fois, mais c'était troublant pour mon compagnon de l'époque. On était tous les deux excités par cette situation mais est-ce normal de réagir ainsi ? Je ressemblais à une gamine de huit ans. C'est troublant, non ?
SM : Très.
TC : Les poils du pubis ont une fonction. Nous avons certaines glandes sous les aisselles et à l'aine. Ces glandes dégagent l'odeur qui attire le sexe opposé. Les poils gardent cette odeur. Les hommes et les femmes sentent différemment. En retirant ces poils, nous devenons moins attirants pour le sexe opposé.
SM : Voilà pourquoi je n'ai pas eu de partenaire depuis longtemps.
TC : C'est peut-être une raison.
SM : Je m'épilais beaucoup. Je me laisse pousser les poils des aisselles maintenant, donc, selon votre théorie, je devrais être attirante.
SM montre une de ses aisselles, on voit quelques poils
TC : Oui, mais les gens ne sont plus habitués à voir des poils.


SM est en voiture
SM : Le brésilien, c'est le mauvais tuyau. Les poils mettent du piment dans ta vie sexuelle. Alors que la norme sans poils fait la loi, nous allons à l'encontre de notre sexualité et nous compliquons la vie des gens hors norme.
On voit une femme assise sur son lit, qui s'épile le menton à la pince à épiler
SM : Je rencontre Sarah Ayling [SA] de l'Essex. Sarah a le OPK, syndrome des ovaires polykystiques. Il affecte une femme sur cinq en Grande-Bretagne. Un des symptômes est la pousse rapide du poil.
Sarah passe un coup de rasoir à lame sur son menton
SM : A quel point est-tu poilue ?
SA : J'ai des poils sur tout le corps. Mon dos, mes bras, surtout mon visage et mon menton. Un peu de moustache, mais ce n'est pas trop voyant. Ma poitrine, mes orteils, partout. Au début, je les ignorais en espérant qu'ils étaient discrets et qu'ils disparaîtraient.
SM : Les gens les remarquaient ?
SA : Oui, à l'école. Je me faisais beaucoup embêter.
SM : Que te disaient les autres ?
SA : Hermaphrodite [Shemale], des trucs comme ça. J'étais plus poilue que tout le monde.
SM : Je ne vois rien du tout, qu'as-tu fait pour les cacher ?
SA : Je me suis rasée et j'ai épilé le menton à la pince. Je dois me raser à peu près trois fois par jour.
SM : Et dans ton quotidien ?
SA : C'est difficile à mon travail. Je dois me cacher pour me raser. Je ne peux pas le faire devant mes collègues. Je vais aux toilettes avec mon miroir et mon rasoir et je me rase. Je suis en colère et frustrée de devoir faire ça. J'ai honte aussi et je suis gênée.
SM : Sors-tu beaucoup ?
SA : Je ne suis pas à l'aise. Surtout dans un bar ou une boîte. Je sens le regard des autres sur moi.
SM : As-tu un petit ami ?
SA : Non.
SM : Aimerais-tu en avoir un ?
SA : Oui. J'aimerais trouver quelqu'un. Mais je n'ai pas assez confiance en moi pour essayer. Je me dis toujours "et s'il me voit me raser ?" "et s'il me voit avec mes poils ?"
SM : Ça me met en boule que sa pilosité fasse d'elle une recluse. Elle est trop complexée pour porter des vêtements sexy.
elles vont dans un magasin de vêtements pour lui acheter un truc sympa. SM compte emmener Sarah danser mais avant, elles vont chez un prof de salsa pour que Sarah s'entraîne. Puis, elles sont dans une boîte, on les voit danser.
SA : je me suis bien amusée. Personne n'a semblé remarquer mon problème. En général, je me rase le soir mais je ne l'ai pas fait. Je n'ai même pas pensé à mes poils sur le menton.


SM sort de chez elle et arrive dans une firme
SM : Qui est donc coupable de nous faire sentir comme des monstres ? Juste parce qu'on a des poils. Pour le découvrir, je rencontre Bruce Haines [BH], PDG de l'agence internationale de publicité Leo Burnett dont les clients sont de grandes firmes de cosmétique.
SM entre dans son bureau, ils se saluent
SM : J'ai épilé les poils de mon corps toute ma vie. Je pense que les agences de publicité ont une part de responsabilité.
BH : Pourquoi ? il a l'air surpris
SM : En grandissant, je voyais des femmes se rasant à la télé. Elles se rasaient des jambes lisses, juste pour promouvoir un rasoir. Vous poussez les femmes à s'épiler juste pour une question d'esthétique.
BH : Nous n'avons pas provoqué la demande. Si l'on remonte dans le passé, ne serait-il pas prouvé que les femmes voulaient s'épiler et que les fabricants comme Immac, Veet, Remington, Gillette ont inventé ces produits ?
On voit des affiches de pub datant des années 50-60 avec des femmes aux aisselles et jambes lisses.
BH : Ou bien, ont-ils inventé la demande et les femmes, telles des brebis ont suivi ? Je ne crois pas, les femmes sont plus malignes que ça.
SM : Pourquoi des filles de 11 ans se font-elles épiler alors ?
BH : C'est différent. Les adolescentes d'aujourd'hui veulent paraître adultes.
SM : Je pense que c'est en feuilletant les magazines. Victoria Beckham a de jolies jambes bronzées et sans un poil. Pour les ados, ce genre de femmes est un modèle et elle n'a pas un poil.
BH : Oui, nous les mettons en avant comme des femmes à admirer. Mais ce sont les femmes qui décident. C'est inutile de mettre une photo que personne n'aimera.
SM : Ce n'est pas très réaliste. Toutes les femmes sont poilues. Elles n'ont pas les aisselles poilues dans les magazines.
BH : Ça n'arrivera jamais. Regardez cette pub de 1985. Elle fait plein de promesses.
On voit une jeune femme en monokini, elle cache ses seins avec ses bras croisés. Je ne vois pas le rapport avec les aisselles
SM : Effectivement.
BH : Un exemple plus ancien, des années 60.
On voit un photo d'une femme levant un bras et montrant une aisselle épilée, il y a le nom de la marque et un slogan "Efficace, vous pouvez lui faire confiance."
SM : Elle n'a pas un poil !
BH : Elle a utilisé la crème.
Autre photo, la fameuse pub de 1915, la première dont on parle souvent, c'est le dessin d'une femme avec une robe sans manches, un bras levé, montrant une aisselle lisse.
BH : C'est une des plus anciennes pubs, elle date de 1915. C'est Gillette. Elle dit : "Si vous voulez être féminine, si vous voulez être belle dans vos vêtements à la mode, vos aisselles seront douces comme vos joues."
SM : Rien n'a changé.
BH : Ça n'a rien à voir avec la pub ni avec la vision masculine du corps féminin mais avec le choix des femmes.
SM : Je ne suis qu'à moitié convaincue. L'avenir me le dira. Merci.
BH : Bonne chance pour votre projet.
Pendant toute la discussion, BH arborait un sourire qui me paraissait hypocrite. Elle quitte le bureau


SM : Si Bruce a raison et que la publicité n'est pas coupable, quand a-t-il été décidé qu'une belle femme doit être douce ? Je dois voir comment étaient nos ancêtres nues.
SM interpelle des gens devant un musée.
SM : Excusez-moi, y a-t-il des femmes nues par ici ?
Y : Je n'en ai pas vu. Essayez la Gallery.
SM : Y aura-t-il des femmes nues ?
Y : Certainement. Demandez gentiment.
SM entre dans la galerie et s'adresse à un homme noir
SM : Y aurait-il des tableaux de nus féminins dans la Gallery ?
Lesley Primo : Oui, il y en a beaucoup. Vous cherchez quelque chose en particulier ?
SM : Oui, plus particulièrement.
LP : Suivez-moi, je vous emmène à l'étage et je vous montrerai des nus.
SM : Super, merci. Je suis au bon endroit. Lesley Primo est un historien de l'art qui s'y connaît en femmes nues des temps anciens.
On les voit marcher dans la galerie, il montre des tableaux de nus et il s'arrête devant un tableau montrant une femme nue, allongée sur le côté.
SM : il me montre d'abord une femme qui vivait il y a cent ans. Elle n'est pas très belle. On dirait un mec. Avec une perruque de femme.
LP : Pour Renoir, c'était une très belle femme. C'était le corps féminin idéal selon lui. La plupart des modèles du peintre ressemblent à cette femme. Une femme ronde, au nez retroussé. C'est un de ses modèles préférés, Lise Thérot. Elle est devenue sa maîtresse.
SM : Elle n'a pas un seul poil sur le corps. Ce n'est pas très naturel.
LP : Ce n'est pas naturel ?
SM : D'une certaine façon, oui. Une femme normale aurait quelques poils sur les seins au moins.
LP : Sur les seins ?
SM : Ou quelques-uns sur ses orteils. Quelques poils pubiens. Elle n'a rien. Pensez-vous qu'il lui aurait demandé de s'épiler avant de poser nue ou elle était comme ça ?
LP : Non, il ne lui aurait pas demandé. Je pense même qu'elle a posé en ayant des poils sur le corps, mais qu'il a choisi délibérément de ne pas les peindre.
SM : Il y a cent ans, la femme parfaite était peinte sans un seul poil. Mais si on remonte 500 ans en arrière, on trouvera bien des nus poilus.
Ils sont devant un tableau de Bronzino, deux femmes nues debout, l'une touche le sein de l'autre.
SM : Mon Dieu. Où sont ses poils ? On dirait un film porno. Elle lui attrape le sein, c'est très érotique, mais aucun poil.
LP : En fait, Bronzino a réellement peint quelques poils sur son tableau. Il y a quelques poils pubiens.
Gros plan sur le pubis, on voit 2 ou 3 poils mais pas de lèvres
SM : Contrairement à mon gazon, il faut une loupe pour les voir.
LP : Mettre des poils sur un nu à cette époque, c'est certainement une grande première.
SM : Je commence à comprendre. Les poils féminins ont toujours été tabous. On voit des femmes grosses et laides à la National Gallery, mais pas une seule femme poilue. Quand a commencé ce culte du corps féminin lisse ?
Ils sont devant un autre tableau
LP : Ça remonte aussi loin que l'époque classique grecque. On trouve des statues grecques classiques lisses et sans poils. C'est toujours dans l'esprit d'un idéal féminin.
SM : On a tous un idéal.
LP : Ne perdons pas de vue que c'est une déesse.
SM : Moi aussi.
LP : Nous ne serons jamais...
SM : Qu'insinuez-vous ?
LP : ...des dieux ou des déesses.
SM : Mais les femmes veulent ressembler à des déesses et être admirées. De nombreuses femmes s'épileraient pour être adorées par les hommes.
SM quitte le musée et s'arrête devant une statue de femme nue mais sans bras
SM : Si je veux convaincre la planète qu'on a le droit d'être poilues, je dois aller à l'encontre de 2000 ans de civilisation. Je dois réinventer la déesse. Et cette fois-ci, elle sera poilue. Même s'ils aiment le sensationnel, les nouveaux artistes n'ont jamais accroché sur ça. Où sont ses poils ?


SM entre dans un atelier
SM : Je rencontre une artiste, Tracey Moberly [TM] qui n'a pas peur de parler poils.
Elles parlent de l'oeuvre d'un autre artiste et s'arrêtent devant un tableau avec une femme nue
SM : Elle n'a pas beaucoup de poils, vous l'avez épilée ?
Elles rient
SM : C'est osé, c'est intelligent, c'est voyant, j'adore. Je voudrais célébrer les poils féminins. La plupart des femmes sont un peu velues.
SM se frotte le bras en montrant ses poils
TM : Je travaille avec des fibres, des poils, du velours, de la laine...
SM : Vous utilisez des poils ?
TM : Très souvent.
SM : J'ai de la chance. Tracey est une collectionneuse.
TM montre des échantillons de poils
TM : C'est une expo qui s'appelait "au-delà de la pornographie." C'était sur l'épilation à la cire et les poils.
SM : De différentes femmes ?
TM : Oui. Et différentes bandes de cire.
SM : C'est intéressant de voir ça. Quand tu te fais épiler, la bande va à la poubelle.
On voit en gros plan des bandes découpées en triangle et tapissées de poils
SM : Ça m'est familier. De retour au rez-de-chaussée, Tracey a une bonne idée pour rendre les poils sexy.
TM : J'aimerais imaginer une ligne de lingerie utilisant de vrais poils. Les poils ne seraient pas sur la peau car ça gratterait. Mais ça pourrait être très séduisant. Par exemple, en rose sexy. Avec des fanfreluches, des petits noeuds. Ce serait original, non ? Une oeuvre d'art ou le travail d'une styliste.
SM : Pour exalter les poils féminins.
TM : Totalement.


SM est chez elle, elle parcourt des revues
SM : J'adore l'idée de Tracey d'une lingerie sexy et poilue. Je veux entendre les femmes dire que c'est bien d'être poilues. Je veux organiser un défilé devant des centaines de gens pour lancer une nouvelle mode féminine qui vantera les poils du corps. Pour commencer, j'ai demandé à des agences d'envoyer leurs nouveaux mannequins. J'ai demandé à mon amie Lisa de nous aider à les interviewer.
SM, Tracey et Lisa sont assises à une table, 2 mannequins arrivent. Elles se saluent.
SM : Avez-vous déjà posé en lingerie ?
X1 et X2 : Oui.
SM : Tracey crée une ligne de lingerie à partir de poils de corps féminins.
X1 : Des poils de femmes ?
TM : C'est exact.
X3 : Vous vous moquez de nous. elles rient Franchement, ça me paraît horrible.
SM : Nos mannequins doivent laisser leurs poils pousser. Les aisselles, les seins, quelle que soit la partie du corps.
X4 : C'est pour rire ?
SM : Non.
X4 : Avez-vous des poils ?
SM : Oui, je les laisse pousser.
X4 : Bonne chance, j'espère que vous aimez ça.
SM : Seriez-vous intéressée ?
X4 : Non. Ça me semble un peu bizarre.
On voit différents mannequins sortir de la pièce
SM : Nous n'avons pas recruté une seule fille.
Arrive ensuite une autre femme, Katherine.
SM : D'où êtes-vous ?
Katherine : D'Essex. Très glamour, non ?
SM : Ce serait pour un défilé de lingerie. Et si on demande de laisser pousser vos poils pour le défilé ?
Katherine : Oui, pourquoi pas. C'est une bonne excuse pour ne pas se raser.
SM : Super.
Katherine : Mon copain sera moins content. rires. Trop dur.
SM : Mais elle a raison. Je ne dois pas seulement convaincre les femmes, mais les hommes aussi. J'ai élaboré un plan. Ma seule recrue, Katherine et deux de ses amies se font ajouter des poils et vont à une soirée speed dating.
On voit Katherine et ses amies se faire mettre des poils aux aisselles et sur le visage. SM arrive.
SM : Salut les filles. Que se passe-t-il ici ?
Jane : C'est Jane, de la jungle.
SM : Tu trouves ça sexy ? En montrant les aisselles postiches de la fille.
Jane : C'est très continental.
SM touche le visage d'une autre fille
SM : C'est très naturel.
La fille : Ça fait grand-mère.
SM regarde la fausse moustache d'une des filles.
SM : C'est Freddy Mercury.
La fille : J'ai l'air plus intelligente.
SM : Etes-vous prêtes pour le speed dating ?
Tout le monde crie en tapant dans les mains, une des filles dit que ses aisselles doivent encore sécher. Ensuite, elles sont dans un bar pour les rencontres.


SM : Les filles, asseyez-vous. Nous sommes à Hove, la ville qui déteste les poils, pour rencontrer les joueurs du club de rugby.
Des rugbymen arrivent et s'installent.
SM : Mes mannequins vont faire un tabac. Prêts pour le speed dating ?
SM siffle pour donner le coup d'envoi. On assiste à quelques discussions, celles qui a des postiches aux aisselles lève ostensiblement les bras pour bien les montrer.
Y : Tu dois être sous testostérone. Ça marche sur tes seins.
La fille : Ce sont les oestrogènes.
SM fait changer de tables.
Y1 : Je suis venu ici pour rencontrer des Anglaises.
Y2 : J'ai sept soeurs et elles s'épilent toutes entre les sourcils.
Y3 : Je n'aime pas les femmes poilues.
X1 : Je ne suis pas très poilue.
Y3 : C'est bien. Pas de poils.
X1 : Parfait.
SM siffle la fin et réunit les hommes.
SM : Elles n'ont pas eu de rendez-vous. Je veux savoir pourquoi. Quel est le problème des poils sur le visage ?
Y4 : on va dire que c'est le frottement.
Y5 : Le frottement quand on embrasse la fille, par exemple. Sur la bouche. Ça frotte un peu, ce n'est pas confortable.
SM : Pas de fille avec une moustache ?
Y5 : Non.
SM : En Italie, elles ont toutes de la moustache.
Y1 : C'est pour ça que je suis venu ici. Il est visiblement Italien.
SM rigole et lève un bras, dévoilant son aisselle poilue.
SM : Ce n'est pas sexy ?
Le gars grimace et recule
Y1 : J'aime le "paradis rasé" comme vous dites ici.
SM s'adresse à un autre rugbyman.
SM : Si on sortait ensemble, mes aisselles poilues te dérangeraient ? Tu me dirais de me raser ?
Y1 : Oui. Il rit.
SM : Je ne pensais pas que les rugbymen mettraient les filles hors-jeu. Le moindre petit duvet les repousse complètement.


SM entre dans un bâtiment, chez "Loaded", un magazine avec des filles très déshabillées.
SM : Je vais attaquer le sujet de front. Je voudrais qu'un magazine masculin parle de mon défilé de lingerie.
Elle salue Jeff, un des responsables du magazine. Ils vont rejoindre Sam dans un bureau
SM : Elles se laissent pousser les poils et elles vont participer à un défilé présentant de la lingerie faite à partir de poils humains.
Les deux gars rigolent mais ont l'air assez surpris.
Jeff : Mon Dieu. Vous parlez d'un bikini poilu ? Un bikini fabriqué avec des poils ?
SM : C'est ça.
Jeff : Tissé comme une tresse ?
SM : C'est pas assez clair ?
Jeff : Je veux être bien sûr.
SM : Je veux que votre magazine écrive un article sur la collection.
Jeff : Je ne suis pas convaincu. Nos lecteurs ne sont pas branchés poils. Ça les dégoûtera, je pense.
Sam : Ils se tourneront vers FHM.
Jeff montre les jambes de SM.
Jeff : Je remarque des poils.
SM : Vous ne trouvez pas ça séduisant ? C'est poilu.
Jeff : J'ai jamais vu si poilu.
SM : Mes jambes sont-elles jolies ?
Jeff : Une jolie forme, de jolies chaussures, un joli corps.
Sam passe un doigt sur la jambe de SM
SM : C'est pas sexy ?
Sam : Non.
Jeff : Vous avez mis du vernis sur vos ongles, une jolie couleur. Mais vous n'êtes pas rasée, c'est contradictoire. Je trouve que ça fait négligé. Se raser fait partie du rituel dans la salle de bains. Il se tourne vers une assistante. Te rases-tu les jambes ?
X : Oui, avec soin.
Sam : J'ai entendu que certains prisonniers se rasent une seule jambe pour avoir l'impression d'être au lit avec une femme. J'ai jamais essayé. rires
SM : Une chose. Puis-je vous épiler quelques poils pour vous montrer la douleur que les femmes doivent subir ?
SM sort un rasoir de son sac.
Jeff : C'est quoi ?
SM : Un rasoir qui rend la peau douce.
Jeff : Ça a l'air dangereux.
SM : C'est ce que les femmes utilisent.
Jeff : Ça doit pas faire si mal.
SM : Je dois le brancher. Elle montre sur une photo le bras d'un modèle s'appelant Abi Oh, Abi a quelques poils.
Jeff : Des poils normaux.
SM : Quand n'est-ce plus normal ?
Jeff : Si ça sortait de ses fesses, ça n'irait plus. Là, il faudrait lui parler : "Abi, faut qu'on parle de tes poils."
SM branche le rasoir qui fait un bruit inquiétant
Jeff : C'est pas vrai.
SM : Je vous ai fait peur ?
Elle passe le rasoir sur le mollet de Jeff
Jeff : Pas trop quand même.
SM : Ça fait mal ?
Jeff : Ça va. Pas trop, vous vous emballez.
SM : Laissez-moi finir.
Jeff : Vous m'avez enlevé tout ça. Il regarde sa jambe avec un air dépité
SM : C'est ce que vous voulez chez une femme. Faut souffrir aussi. Regardez la longueur de vos poils.
Jeff : Je suis un homme.
SM : Vraiment ? Elle rit. Elle quitte ensuite "Loaded" pour rentrer chez elle.


SM : Je n'ai encore convaincu personne que mon défilé est une bonne idée. Mais j'ai atteint le point de non-retour. Plus mes poils sont longs, plus je les aime. J'ai changé d'attitude envers mes poils. Je détestais mes poils. Il y a quelque temps, j'aurais tué pour me débarrasser de ça. Elle passe la caméra "paluche" sur sa jambe qui est couverte de poils noirs J'apprends à vivre avec, ça fait partie de moi. Je suis à l'aise avec mes poils. Gros plan sur une aisselle Je suis persuadée qu'il y a d'autres femmes fières d'être velues. Pour les connaître, j'ai persuadé Stephen Nolan [SN] de la radio de me laisser faire un appel. Je ne vais pas parler de la lingerie poilue. Elle entre dans le studio Les gens ne sont pas encore prêts.
SN : Shazia Mirza, comique et femme poilue, selon elle. Oh, ce n'est pas vrai.
SM : Tout le monde a des poils.
SN : Pas les femmes.
SM : Où vivez-vous ? SN grimace Je fais appel à des femmes poilues pour qu'elles viennent défiler au Café de Paris à Londres. S'il vous plaît, appelez-moi.
SN : Je reçois des appels, vous vous imaginez. Salut, Peez ? Le nom de l'auditeur ?
Y1 : Ce n'est pas hygiénique et c'est repoussant pour la plupart des hommes et des femmes de mon entourage.
SN : On est en direct sur Five Live. Allô Mike ?
Y2 : Non aux femmes poilues. C'est important de soigner son image, c'est naturel. SM a l'air un peu dépitée
SM : Il n'y a que des appels d'hommes. Les femmes n'ont rien à dire ?
SN : Mlle Lucarati, bonsoir.
X1 : Mes poils ne m'ont jamais dérangée, pas un seul instant.
SM : Quand vous êtes-vous rasée ?
X1 : Jamais.
SN : Ça s'arrête jamais de pousser ? Il fait une grimace, une autre auditrice appelle
X2 : J'ai beaucoup de poils mais c'est une chose naturelle. Si mon mari peut avoir des poils pubiens jusqu'aux chevilles, moi aussi. Je refuse de souffrir pour être belle. Seule la personnalité compte. Je ne me ferai pas arracher la moustache. Il y a des choses bien pires dans la vie. SM sourit, SN prend sa tête dans ses mains.
SM : J'ai enfin trouvé des femmes qui sont fières d'être poilues. Elle est dans sa voiture


SM : Je veux discuter avec l'une d'elles. Incroyable mais vrai, Melina vit juste à la sortie d'Hove. Je suis perplexe. Melina m'a dit qu'elle a une barbe. J'ai peur d'avoir des préjugés, elle est plus poilue que moi. Et si je la vois avec une vraie barbe et que ça me répugne ? Je veux voir une pilosité sexy mais pas à ce point. Ce serait hypocrite de ma part alors. Nous nous retrouvons sur la jetée de Brighton. SM serre la main de Melina, une jeune femme avec le crâne rasé sur les côtés, ce qui lui donne un look masculin, elle a une barbichette claire
Melina : Enchantée. C'était plus facile de me trouver ici, sur la jetée.
Gros plan sur la barbichette
SM : Tu la fais pousser ?
Melina : Non, elle pousse naturellement. On me demande si j'ai une barbe à cause d'un problème hormonal, mais non, c'est naturel. Je n'ai pas forcé les choses en prenant des hormones. Elle a poussé, elle fait naturellement partie de moi.
SM : Comment les hommes réagissent-ils ?
Melina : Certains ne semblent pas gênés. Il me semble que deux hommes y ont trouvé un intérêt sexuel.
SM : En arrivant, je n'ai vu que tes yeux et l'ensemble de ton visage. Je t'ai trouvée jolie, puis j'ai vu la barbe et j'ai pensé... Elle hésite Mais je ne vois plus ta barbe, je vois juste ton beau visage et ta barbe qui forme un tout.
Melina : C'est une réaction normale. Si on voyait plus de femmes barbues, on passerait sans voir. Ce qui compte chez une femme, ce sont ses yeux, n'est-ce pas ? La communication par les yeux.
SM : C'est joli. SM touche la joue de Melina
Melina : C'est du duvet partout.
SM : Oui, c'est très doux.
SM : Loin d'être dégoûtée par Melina, je suis inspirée par sa dignité, son refus de se laisser dicter ses actes. Elle marche seule le long de la mer et semble désappointée Mais Melina ne veut pas participer à mon défilé de mode. Il me reste une semaine et je n'ai pas trouvé une seule femme prête à défiler. Sans mannequins, je vais devoir tout annuler.


Elle marche en ville
SM : Il me reste une opportunité. Richard et Judy des animateurs d'un show télé ont entendu mon appel à la radio. Ils m'ont invitée à leur émission. SM prend une brosse pour se peigner une aisselle et un peigne pour passer sur les poils du bras Ça ira bien comme ça. J'aime vraiment mes poils. Elle rit Ils sont tout mignons. Regardez. Trop mimi.
Judy : C'est bientôt la London Fashion Week et une femme en a assez. Assez de se raser et de s'épiler pour le reste de sa vie. La comique Shazia Mirza n'a pas peur de ses poils. Elle n'a pas honte de ses aisselles et jambes poilues. "C'est mignon d'être touffue" [It's cute to be hirsute], voilà sa devise. On voit SM dans un champ avec une pancarte où il est écrit "Hairy women".
SM : Je suis poilue. Je ne me suis pas rasée ou épilée depuis trois mois. Gros plan sur ses jambes et une aisselle J'ai dépensé 8000 £ l'an dernier pour m'épiler. J'ai décidé de tout laisser pousser. Je veux convaincre d'autres femmes de me suivre et d'en faire une mode. SM est maintenant dans la rue avec son panneau. Ensuite, elle arrive dans le studio
Judy : Levez les bras, montrez-nous. Gros plan sur une aisselle moyennement poilue
Richard : C'est le maximum que puisse supporter mon estomac. Ça me remue l'estomac. Quand je vois des jambes poilues...
Judy : Passe ta main dessus. SM remonte son pantalon et dévoile sa jambe poilue Allez Richard.
SM : C'est pas si terrible.
Richard : Non, je ne peux pas.
SM : C'est pas si dramatique. J'organise un défilé au Café de Paris pour glorifier les poils féminins. Je demande aux femmes qui gardent leurs poils ou à celles prêtes à les laisser pousser de venir se joindre au défilé. Une femme peut être sexy et poilue. Judy rigole en se cachant le visage Vous vous en rendrez compte. Fin de l'émission, de retour chez elle, on la voit devant un PC
SM : J'ai reçu un tas de mails après l'émission de Richard et Judy. Ecoutez ça. "Je suis une femme particulièrement poilue. J'aimerais en savoir plus sur votre défilé. Je veux être un mannequin poilu, utilisez-moi dans votre défilé. J'en ai assez des boutons après le rasage." Les femmes sortent de l'anonymat et parlent de leurs poils. J'espère juste qu'elles vont venir et pas se rétracter.


SM sort de chez elle et rejoint Tracey Moberly
SM : Plus que deux jours, je sens le stress monter. J'ai une réunion de crise avec Tracey.
TM : J'ai plein de trucs à te montrer.
SM: Es-tu inquiète pour le défilé ?
TM : Oui, et toi ?
SM : Oui, je le suis.
TM : Tu dois être à l'aise avec ce que tu vas porter. Pour pouvoir encourager toutes les autres femmes. C'est ta dernière mission. Porterais-tu un soutien-gorge et une culotte ?
SM : Comme quoi ? TM montre un modèle de soutien avec des poils, elles rigolent
TM : Ça te plaît ? C'est original, n'est-ce pas ?
SM : Oui, très.
TM : Celui-ci, c'est mon préféré.
SM : Pourquoi ton préféré ?
TM : J'aime la couleur, le mélange des poils, les détails. T'auras confiance sur le podium ?
SM : J'ai confiance en moi. Mais je n'ai jamais porté un truc pareil. Je suis nerveuse parce que ces femmes ne savent pas qu'elles porteront de la lingerie avec de vrais poils dessus. J'ai peur qu'une fois qu'elles le découvrent, elles refuseront de défiler. Et si jamais je me retrouve seule sur le podium ?
TM : Une chose est sûre, tu seras superbe.


SM monte dans un taxi
SM : Aujourd'hui, je vais savoir si je peux convaincre la planète qu'une femme poilue peut être féminine et sexy. Je suis nerveuse. Ma grande crainte, c'est que le public soit écoeuré en voyant la lingerie avec les poils.
On voit en accéléré des gens qui assemblent un podium pour le défilé
SM : La première à arriver est Katherine, le mannequin. Mais elle n'est pas la seule. On voit arriver plusieurs autres femmes
SM : Vous êtes toutes splendides. Une femme soulève sa robe
X1 : J'ai les genoux poilus.
X2 : Je préfère avoir des poils partout. Je ne me suis pas rasée depuis 4 ans.
SM : Aimez-vous vos poils ?
X2 : Oui.
SM : Mon amie Lisa est ici, elle a laissé pousser ses poils exprès.
Lisa : Ça prend le bon chemin. Ça a de l'allure. Elle montre son aisselle avec quelques poils
X3 : J'avais honte de mes bras parce qu'on se moquait de moi.
Katherine : Pareil pour moi. En plus, je suis très timide.
X4 : J'aime être féminine, jolie, séduisante, bien habillée mais j'aime être poilue. Pourquoi cette obsession de tout raser ?
SM : Ces femmes sont poilues et fières de l'être. Comment vont-elles réagir quand je vais dévoiler mon projet ? Votre attention s'il vous plaît. Elle tape dans les mains Pouvez-vous vous rapprocher ? N'ayez pas peur, nous sommes unies et poilues. Nous allons exalter notre pilosité. Applaudissements et cris des femmes J'ai créé une ligne de lingerie.
X5 : Oh mon Dieu...
SM : Faite à partir de vrais poils humains. Rires dans l'assemblée Je vais défiler sur ce podium et je voudrais vous voir toutes défiler. Il y a quelques moues dubitatives Debbie est la chorégraphe, elle vous montrera comment défiler en lingerie et talons, vous serez superbes. Tracey va vous montrer la collection. TM monte sur le podium, on l'applaudit Voici quelques modèles TM montre une tenue Joli non ?
TM : C'est ce que porte Shazia. On ne dirait pas que les fanfreluches et les noeuds sont en poils. Shazia met la tenue devant elle
X6 : Superbe.
SM : Mon papa est très fier. Elle tend la tenue vers les femmes Allez-y touchez.
X7 : C'est joli, c'est très doux.
SM : Toutes celles qui veulent participer, montez sur le podium. Certaines montent, d'autres hésitent mais elles finissent toutes par monter Êtes-vous fières d'être poilues ? Allez-vous porter ça ? SM montre la tenue qu'elle portera Incroyable, les 32 femmes ont accepté de défiler en lingerie poilue. Espérons qu'elles ne reculent pas en voyant les échancrures.
On voit les femmes essayer différentes tenues
Debbie : Le début de la musique, s'il vous plaît.
SM : La répétition sur le podium est un peu chaotique.
Les femmes s'entraînent à défiler. Ensuite, les visiteurs arrivent, ils font la file dans la rue, on en interviewe quelques-uns
X1 : Je ne veux pas voir une femme lever les bras et montrer ses aisselles poilues.
X2 : Si je vois une femme très poilue, ça me révulsera un peu.
Retour dans les loges pour le maquillage
SM : Je m'imaginais séduisante et poilue, ou sexy et poilue, ou très glamour et poilue, mais j'arrive au bout de cette aventure et je vois que j'ai eu tort. Je suis poilue et je me fiche du regard des autres.
On est dans la salle
SM : Melina et Sarah sont ici, il y a plus de 300 personnes présentes. Montrons au monde que l'on peut être poilue, sexy et fière de l'être.
Le défilé commence, les femmes passent les unes après les autres et SM en dernier. Des photographes mitraillent le podium, ils ont l'air de s'amuser et ne sont pas choqués
SM : ils aiment les femmes naturelles. Les vraies femmes poilues. Le public adore ! Les gens crient. Ensuite, elles défilent toutes ensemble
SM : s'adressant à une femme du public Tu es poilue ? Monte sur le podium. Des femmes montent, Melina monte aussi.
Tout le monde en choeur : Allez vous faire foutre, je suis poilue ! Elles brandissent deux doigts en disant cette phrase.

Fin.

Vers l'été sans épilation


Mouvement International pour une Ecologie Libidinale (M.I.E.L.) - ecologielibidinale.org - Dernière mise à jour le 23 février, 2018
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